Lors d’une journée printanière, la travailleuse sociale Apostolia Petropoulos a allumé la radio dans la chambre de l’une des résidentes du Centre d’hébergement Father-Dowd. Immédiatement, la femme a écarquillé les yeux, avant de lever son pouce en signe d’appréciation.
Il s’agissait d’une réaction de gratitude : la station de radio diffusait en inuktitut, la langue maternelle de la résidente.
Entendre sa langue maternelle réconforte et rassure cette femme, originaire d’un village isolé situé sur les rives de la baie d’Hudson, qui n’a ni amis ni famille à Montréal. Tout comme plusieurs Inuits du nord du Québec soignés ou hébergés à Montréal, cette femme est loin de chez elle et n’a plus les repères culturels familiers de sa communauté.
« Je ne peux pas la ramener dans sa communauté, mais je peux lui apporter un peu de sa communauté », dit Madame Petropoulos. « Nous comblons ses besoins en matière de santé physique et mentale, mais je voulais faire quelque chose qui aurait une importance culturelle pour elle. »

L’initiative de Madame Petropoulos au Centre d’hébergement Father-Dowd est un exemple des efforts déployés par le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal pour prodiguer des soins sensibles à la culture des personnes autochtones.
Mais, Madame Petropoulos souhaitait en faire davantage : elle voulait placer des œuvres d’art qui reflétaient la culture inuite dans la chambre de cette femme. À cette fin, elle a fait équipe avec Shirley Fender, une agente de liaison basée à Montréal pour le Centre de santé et services sociaux Inuulitsivik au Nunavik, qui a demandé à des adolescent(e)s inuit(e)s de dessiner des images représentant les communautés nordiques. Madame Fender a ensuite encadré deux de ces œuvres qui ont ensuite été placées sur un mur de la chambre de la résidente, en face de son lit.
« Nous voulions décorer sa chambre de manière à honorer sa culture et à lui rappeler son village », explique Madame Fender, qui soutient les Inuits des centres d’hébergement à Montréal.
Les Inuits qui vivent dans le nord du Québec doivent venir à Montréal pour des interventions chirurgicales majeures, parce que ces services ne sont pas disponibles dans leurs communautés, ajoute Madame Fender. Elle s’efforce de s’assurer que les personnes qui se retrouvent dans un centre d’hébergement « sentent un lien avec leur culture et ne se sont pas isolées ».
Entendre une station de radio qui diffuse en inuktitut peut assurément fournir ce lien. « Se réveiller et entendre sa langue est d’une importance énorme, et permet de se sentir un peu moins seul », de dire Madame Fender.
Notre CIUSSS s’est engagé à fournir des soins adaptés à la culture des patients, des résidents et des clients autochtones au sein de notre réseau. Les directeurs et les gestionnaires — avec l’appui de la haute direction — ont rencontré les partenaires communautaires pour cerner les meilleures manières d’adapter nos services aux Peuples autochtones. Notre CIUSSS a également accueilli une nouvelle agente de liaison avec les Peuples autochtones, Lucie-Maude Grégoire, qui fournira des conseils et de l’information aux équipes de notre CIUSSS concernant les pratiques culturelles pertinentes au sein de notre CIUSSS.
« Nous tentons de prodiguer des soins d’une nouvelle manière, en faisant preuve de respect envers les premiers peuples du Canada », souligne Jennifer Pépin, adjointe à la présidente-directrice générale adjointe de notre CIUSSS et responsable des Dossiers autochtones, qui est chargée de coordonner les initiatives de sécurisation culturelle. Elle considère cette initiative comme une extension de la volonté de notre CIUSSS d’adopter la meilleure manière de répondre aux besoins des usagers de différentes origines.
« Le respect de la diversité fait partie de notre ADN », ajoute Madame Pépin, « et maintenant, nous nous concentrons sur la première culture qui était ici ».
Elle applaudit le projet de Madame Petropoulos en soulignant que cette initiative reflète l’approche du CIUSSS et qu’elle peut être réalisée facilement avec un peu de créativité. Madame Petropoulos explique qu’elle a trouvé un ordinateur portable inutilisé au Centre d’hébergement Father-Dowd, et elle l’a connecté au Wi-Fi afin de capter en ligne la station de radio Puvirnituq FM Radio. Lorsque les PAB entrent dans la chambre de la résidente, ils n’ont qu’à cliquer sur le lien pour l’activer.
« Je suis ravie de la réussite de cette initiative, parce qu’elle peut être recréée ailleurs », précise Madame Petropoulos. Cette résidente est originaire d’un village situé à 1 600 kilomètres de Montréal. Grâce au geste de la travailleuse sociale, ce village semble un peu moins loin.