Des personnes autistes ou présentant des déficiences intellectuelles exécutent des tâches qui aident l’Hôpital à fonctionner
Voici la nouvelle équipe de travail à l’Hôpital général juif qui améliore la vie des membres du personnel et des patients, une blouse d’hôpital, un fauteuil roulant et une boîte de carton à la fois.
Chaque jour, les membres de cette équipe se dispersent dans l’Hôpital pour accomplir toute une gamme de tâches utiles. Ils défont les nœuds des blouses d’hôpital du personnel, aplatissent les boîtes de carton pour le recyclage et récupèrent les fauteuils roulants abandonnés un peu partout dans l’Hôpital. Leur apport aide au fonctionnement d’un grand Hôpital, et le travail est également gratifiant pour eux.
« J’ai le sentiment de faire quelque chose pour la communauté », dit Danny Hochstadter. « Et, quand je suis ici, j’ai l’impression de faire partie d’une famille. »

Monsieur Hochstadter et ses collègues autistes ou qui présentent des déficiences intellectuelles travaillent grâce à un partenariat entre le Centre Miriam et l’HGJ, deux installations membres du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
En à peine un an, ce partenariat s’est avéré bénéfique pour tous.
Le programme a été mis en œuvre à l’automne 2021 pour s’attaquer à une tâche pressante : des milliers de blouses d’isolement portées par les infirmières et les infirmiers ainsi que par d’autres membres du personnel des soins de santé pendant la pandémie devaient être remises en circulation. Les blouses étaient parfaitement fonctionnelles, mais en raison des nœuds dans les rubans qui servent à les attacher autour du cou, elles ne pouvaient pas être réutilisées même après avoir été lavées.
En arrivant à l’HGJ un jour d’octobre pour évaluer le travail à effectuer, Jason Séguin, un technicien en éducation spécialisée du Centre Miriam, est resté stupéfait en voyant une douzaine de grands bacs débordant de blouses jaunes dans l’atrium du pavillon G.
« Comment allons-nous venir à bout de cette montagne de blouses? » s’est demandé Monsieur Séguin.
Mais, les usagers du Centre Miriam, deux au début et cinq maintenant, se sont attelés à la tâche. En utilisant leurs doigts ou différentes pinces achetées par Monsieur Séguin, ils ont diligemment défait des milliers et des milliers de nœuds dans les rubans de cou, ce qui a permis de remettre ces blouses protectrices en circulation.

« Ils ont joué un rôle essentiel », souligne David Diachidos, le chef du Service de buanderie et lingerie, qui a participé à la mise en place de ce programme. Il explique qu’entre 10 000 et 15 000 blouses d’isolement étaient lavées tous les jours pendant la pandémie, mais qu’elles ne pouvaient pas être réutilisées si les rubans pour les attacher autour du cou étaient noués, en raison des mesures de contrôle des infections visant à empêcher tout contact entre la blouse et le visage.
Jusqu’à l’arrivée de l’équipe du Centre Miriam.
« Ils ont fait du bon travail », ajoute Monsieur Diachidos. « Cette initiative a été bénéfique pour le Service de buanderie et pour l’Hôpital, et elle nous a permis de créer des occasions pour les usagers du Centre Miriam. Nous sommes tous gagnants. »
Depuis, les participants du Centre Miriam, dont l’âge varie entre 23 et 56 ans, ont élargi leurs champs d’activités. En effet, ils récupèrent les fauteuils roulants et les rapportent à l’entrée principale de l’HGJ, et utilisent des couteaux pour aplatir les boîtes de carton provenant de différents services. Et, dans l’unité de soins intensifs, ils continuent de recevoir des bacs réservés aux blouses d’isolement dont les rubans sont noués.
« Nous avons le sentiment de contribuer à la qualité des soins prodigués dans l’Hôpital, tout en appuyant le recyclage et la durabilité », de dire Monsieur Séguin, qui supervise l’équipe du Centre Miriam.
Le programme a donné aux participants la possibilité de rehausser leurs compétences professionnelles et sociales, comme la ponctualité et la collaboration, tout en créant un sens d’appartenance à un lieu de travail vaste et dynamique. Les participants sont souvent salués par les agents de sécurité et d’autres membres du personnel lorsqu’ils circulent dans l’Hôpital.

« J’ai vu leur niveau de fierté et de confiance augmenter au fil du temps », dit Monsieur Séguin. « Ils ont appris à se déplacer dans l’Hôpital et ils se sont prouvé à eux-mêmes qu’ils peuvent trouver leur chemin dans un lieu aussi vaste. »
Selon Chantal Forget, chef d’administration de programme, Intégration communautaire et emploi au Centre Miriam, cette initiative a également été bénéfique pour le personnel de l’Hôpital, en démontrant que des personnes présentant des déficiences intellectuelles peuvent être plus que des patients ou des clients—ils peuvent aussi être des alliés et de collègues.
« De les avoir comme collègue, comme une personne égale, ça sensibilise nos employés, », dit-elle. « Ça les force à accepter la différence dans leur milieu. C’est un apprentissage des deux côtés. »
Bien que trois clients du Centre Miriam travaillent de manière autonome à l’HGJ dans le cadre d’un programme distinct, cette initiative est la première unité de travail entièrement supervisée à fonctionner dans l’Hôpital. Ces partenariats illustrent que l’entraide entre deux installations au sein du même CIUSSS peut être mutuellement bénéfique. « On voyait à quel point il y avait un beau potentiel des deux côtés », ajoute Miria De Muri, une spécialiste en Activités clinique au Centre Miriam. « Après tout, on est un CIUSSS, une famille. C’est donnant donnant. »