Barbra Gold prend sa retraite après avoir supervisé la transformation des soins de longue durée
Quand Barbra Gold marche dans l’un des couloirs du Centre gériatrique Maimonides Donald Berman, les gens l’arrêtent pour lui faire part d’une idée. Et, qu’il s’agisse d’un PAB, d’une infirmière ou d’un résident, Madame Gold prend toujours le temps de les écouter.
Ces interruptions retardent son arrivée à destination, mais elles lui permettent également de réaliser son objectif ultime : être à l’écoute des besoins du personnel et des résidents tout en veillant à ce que les meilleurs soins possible soient prodigués au Centre gériatrique Maimonides Donald Berman et dans tous les autres centres de soins de longue durée du CIUSSS.
Mais, ces conversations cesseront prochainement. En effet, Madame Gold prendra sa retraite le 31 octobre, après 30 ans à des postes de cadre dans le domaine des soins de longue durée et, plus récemment, à titre de directrice du Programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées (SAPA). Son dévouement envers la qualité des soins a aidé à transformer la vie d’innombrables aînés.
« Ce sont des personnes qui ont travaillé pendant toute leur vie et qui ont été d’un apport à la société; ils méritent d’être bien traités à la fin de leurs jours », dit Madame Gold. « J’ai toujours pensé qu’il fallait traiter les autres comme j’aimerais être traitée moi-même. Je me suis toujours demandé ‘et si c’était moi, quelle décision est-ce que j’aimerais voir prendre?’ »
L’une des rares femmes parmi les rangs des cadres supérieurs quand elle est devenue la directrice générale du Centre gériatrique Maimonides Donald Berman, en 1991, Madame Gold est restée concentrée sur ses objectifs et, de son propre aveu, « refusait d’accepter ‘non’ comme réponse ». En 2000, par exemple, elle a insisté sur la nécessité d’avoir des lits électriques, semblables à ceux des hôpitaux, dans les installations de soins de longue durée pour faciliter les soins prodigués aux résidents. Elle a trouvé un modèle de lit fait au Québec, mais ce dernier n’avait pas été officiellement approuvé par les autorités provinciales.
« Nous nous sommes heurtés à de la résistance puisque, légalement, nous n’étions pas autorisés à acheter ces lits. Mais, nous avons persisté », se souvient-elle. Et, après des efforts acharnés, le Bureau de normalisation du Québec a finalement modifié la réglementation provinciale, et le lit a été accepté — et utilisé non seulement au Centre gériatrique Maimonides Donald Berman, mais dans toute la province.
1991 : devient directrice générale du Centre gériatrique Maimonides à l’âge de 37 ans, après avoir occupé différents postes à l’Hôpital général juif pendant une décennie.
1993 : prend en charge la supervision de 12 foyers d’accueil quand la responsabilité du Programme Accredited Foster Home est transférée au Centre gériatrique Maimonides.
2005 : accepte la responsabilité accrue de directrice du CHSLD juif.
2009 : devient la première canadienne à être nommée présidente du conseil du groupe nord-américain Association of Jewish Aging Services.
2010 : aide à obtenir le don le plus important de l’histoire du Centre gériatrique Maimonides, qui célèbre son 100e anniversaire. À cette occasion, le Centre prend le nom de Centre gériatrique Maimonides Donald Berman.
2011 : reçoit un prix de l’Association québécoise d’établissements de soins de santé et de services sociaux décerné à la directrice générale pour son leadership exceptionnel. Reconnue comme l’architecte de la mise sur pied d’un centre d’excellence en gériatrie et pour son rôle dans la manière dont les soins gériatriques sont prodigués à l’échelle locale, nationale et internationale.
2013 : est d’un apport important pour que le Centre gériatrique Maimonides Donald Berman et le CHSLD juif Donald Berman deviennent les premiers centres de soins de longue durée en Amérique du Nord à recevoir une désignation Or de Planetree, un organisme international orienté sur les soins de santés centrés sur le patient.
2015 : nommée directrice du Programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées (SAPA) au sein du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal nouvellement créé. Ses responsabilités s’étendent à sept autres sites de soins de longue durée ainsi qu’aux soins à domicile dans l’ensemble du CIUSSS.
2019 : reçoit le prix Dr Herbert Shore de l’Association of Jewish Aging Services, décerné à un cadre professionnel d’exception qui incarne les objectifs et les idéaux de l’organisme.2020 : supervise un projet pilote au Centre gériatrique Maimonides Donald Berman dans le cadre duquel les premiers vaccins contre la COVID-19 sont administrés au Québec.
« C’est dans ma nature », explique Madame Gold. « Si je crois en quelque chose, je vais essayer. » Cette attitude a valu à Madame Gold une série de récompenses prestigieuses au fil des ans, et a permis de faire du Centre gériatrique Maimonides Donald Berman un chef de file en matière de soins gériatriques et un modèle dans son domaine.
« Elle a mis le Centre gériatrique Maimonides Donald Berman au premier plan », dit Carrie Bogante, qui a travaillé aux côtés de Madame Gold avant d’être nommée directrice des Finances de notre CIUSSS. « Depuis des années, le Centre gériatrique Maimonides Donald Berman est reconnu comme étant l’un des meilleurs au Québec et certainement parmi les premiers au Canada. Quand les membres de l’équipe du ministère souhaitaient mettre en vedette un centre de soins de longue durée modèle, ils venaient frapper à la porte de Barbra. Ils ont fréquemment envoyé des dignitaires étrangers visiter le Centre gériatrique Maimonides Donald Berman et le CHSLD juif Donald Berman. »
« Ce sont des personnes qui ont travaillé pendant toute leur vie et qui ont été d’un apport à la société; ils méritent d’être bien traités à la fin de leurs jours. »
Les liens que Madame Gold a tissés avec les membres du personnel de tous les niveaux hiérarchiques sont l’une des clés de sa réussite. En effet, elle s’entourait de gestionnaires talentueux, et certains comme Madame Bogante et Lucie Tremblay, la directrice des Soins infirmiers du CIUSSS, ont accédé à des postes de cadre au sein de notre CIUSSS.
« Je n’étais pas intimidée par les personnes qui pouvaient être plus intelligentes ou en savoir plus que moi », explique Madame Gold. « J’étais toujours prête à apprendre. »
Elle a encadré les membres du personnel et a été à l’écoute de leurs préoccupations en organisant régulièrement des réunions ‘thé et biscuits’ avec des groupes d’employés au cours desquelles ces derniers pouvaient s’exprimer.
« Barbra fait preuve d’un respect exceptionnel envers les employés avec qui elle travaille. Elle croit au potentiel des personnes », dit Madame Tremblay, avant d’ajouter que Madame Gold encourage le personnel par le biais de formations et de responsabilités accrues, en se tenant souvent à l’arrière-plan pour laisser son entourage être à l’avant de la scène.
« C’est dans ma nature. Si je crois en quelque chose, je vais essayer. »
« Elle a su mobiliser les gens pour qu’ils puissent devenir la meilleure version d’eux-mêmes », dit Madame Tremblay. « Cette dirigeante, aujourd’hui devenue mon amie, est réellement une source d’inspiration. »
Une partie de l’héritage de Madame Gold est la modernisation des douches, des ascenseurs, des salles de détente et d’autres commodités. Mais son impact le plus durable est assurément d’avoir donné aux aînés des installations de soins de longue durée la possibilité de vivre leurs dernières années avec dignité. Cette question a été au premier plan à l’échelle nationale pendant la pandémie de la COVID-19, et il s’agit de la période que Madame Gold décrit comme la plus difficile de sa carrière.
Elle a toujours été motivée par la conviction que les résidents des centres de soins de longue durée méritaient de jouir de la même qualité de services que les patients des hôpitaux de soins aigus. « Au début de ma carrière, les soins de longue durée étaient les parents pauvres, et je ne pensais pas qu’il devait en être ainsi. Ces personnes sont en droit d’avoir ce qu’il y a de mieux. »
Au moment où elle met la clé sous la porte, ses sentiments sont doux-amers. Elle aime encore son travail, mais elle sait qu’il est important de donner à d’autres « la possibilité de prendre la relève et d’apporter leur propre touche ».
Elle part avec la conviction qu’avoir changé les choses. « Je crois que je quitte le système de soins de santé de longue durée en laissant la situation dans un meilleur état que celui où je l’ai trouvée. »