Les Ukrainiens qui fuient la guerre trouvent un soutien et une main accueillante pour les guider au sein de notre CIUSSS

Certains membres de l’équipe du CLSC de Côte-des-Neiges qui prodiguent des soins aux Ukrainiens exilés : (de gauche à droite), l’infirmière clinicienne Geneviève Groulx, l’infirmière clinicienne Mariya Sylyuk et le Dr Gilles De Margerie, médecin de famille.
Certains membres de l’équipe du CLSC de Côte-des-Neiges qui prodiguent des soins aux Ukrainiens exilés : (de gauche à droite), l’infirmière clinicienne Geneviève Groulx, l’infirmière clinicienne Mariya Sylyuk et le Dr Gilles De Margerie, médecin de famille.

Oleksandr et Svitlana ont quitté l’Ukraine, mais l’Ukraine ne les a pas quittés. Bien qu’ils soient en sécurité au Canada, ce couple originaire de Kiev est rongé par l’inquiétude au sujet des membres de leurs familles qui s’efforcent de survivre pendant la guerre dans leur pays.

« Mes parents, mon frère, ses enfants, ils sont toujours là », dit Oleksandr. « C’est terrible. Il ne devrait pas y avoir de guerre nulle part. »

Pendant qu’ils composent avec la vie en exil, Oleksandr et Svitlana* peuvent au moins compter sur le réconfort et les conseils des professionnels de la santé de notre CIUSSS. En effet, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a un an, une équipe dévouée d’infirmier(ères), de médecins et de travailleur(euse)s sociaux(ales) aide les personnes déplacées par la guerre à commencer une nouvelle vie du bon pied dans leur pays d’adoption.

Dans les bureaux du CLSC de Côte-des-Neiges, les infirmières cliniciennes Geneviève Groulx et Mariya Sylyuk, ainsi que le Dr Gilles De Margerie, médecin de famille, sont le premier point de contact médical pour des centaines d’Ukrainiens qui reconstruisent leurs vies dans l’ombre de la guerre.  

Pour des personnes comme Oleksandr et Svitlana, qui se sont rendues au CLSC récemment avec leurs deux jeunes enfants, ce contact signifie une évaluation médicale, le renouvellement de leurs ordonnances ou l’obtention d’une référence à un spécialiste, s’il y a lieu. Plus généralement, une telle visite représente un point d’entrée dans le système de santé de leur nouveau pays.

« Ils méritent d’obtenir des réponses à leurs questions. Je veux qu’ils se sentent les bienvenus dans un système de soins de santé qui est nouveau pour eux. »

Geneviève Groulx

Dernièrement, une Ukrainienne est venue voir Madame Groulx avec son enfant, qui souffre d’épilepsie; cette mère s’inquiétait de ce qu’il fallait faire si son enfant avait une crise. Madame Groulx a orienté la famille vers une clinique pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants; elle a rédigé les renseignements nécessaires au sujet du Département de l’urgence de cet hôpital et assuré un suivi en envoyant un courriel résumant les différents services.  

« Mon travail consiste à écouter les gens et à répondre à leurs besoins », souligne-t-elle. « Ils ont fait preuve de beaucoup de résilience. Je veux agir avec respect et avoir une approche humaine. »

Madame Sylyuk a un lien particulier avec ces nouveaux arrivants : lorsqu’elle avait 10 ans, ses parents ont immigré au Canada en provenance de Bucha, une banlieue de Kiev qui a été dévastée particulièrement brutalement pendant la guerre. Madame Sylyuk peut communiquer avec les patients ukrainiens dans leur langue maternelle, et elle est sensible à l’expérience qu’ils vivent.  

« Lorsqu’ils me disent que leurs enfants fréquentent une classe d’accueil, une classe pour les enfants non francophones immigrés au Québec, je peux leur répondre que moi aussi j’ai fréquenté une classe d’accueil », dit-elle. « Je suis en mesure de les rassurer et de leur confirmer qu’avec le temps ils vont s’adapter. »

Son travail en soins infirmiers lui permet d’avoir une incidence directe pour aider les Ukrainiens à trouver leur équilibre, dit-elle.

« Je sais que si mes parents n’avaient pas pris la décision de quitter l’Ukraine, je serais encore là. C’est génial que je mon travail me permette d’aider ces personnes. J’ai l’impression de contribuer. »

Mariya Sylyuk

Les Ukrainiens exilés à Montréal reçoivent de l’aide du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA), qui est supervisé par la Direction des Services intégrés de première ligne du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Plus de 300 Ukrainiens ont profité des services du PRAIDA depuis qu’ils ont quitté leur pays, il y a un an. (Ils étaient admissibles à venir au Canada grâce à un programme fédéral de voyage d’urgence et ne sont pas considérés comme des réfugiés.)

Plusieurs Ukrainiens déplacés par la guerre souffrent du traumatisme de la violence et de l’exil; les familles sont souvent séparées puisque les pères et les fils ont été enrôlés dans le service militaire en Ukraine. Plusieurs doivent également composer avec le stress immédiat de trouver un emploi et de s’installer dans un nouveau pays.  

« Il y a de la détresse et de l’anxiété. Ils sont souvent en mode ‘adrénaline’ », explique le Dr De Margerie, qui coordonne la Clinique pour les réfugiés et les demandeurs d’asile au CLSC de Côte-des-Neiges, qui reçoit des personnes en provenance du monde entier.

« Cette guerre se poursuit, et être en sécurité ici ne change pas la réalité de ce qui se passe en Ukraine. »

Dr. Gilles De Margerie

Mais les Ukrainiens qu’il a vus ont également fait preuve de beaucoup de résilience, ajoute-t-il. C’est la raison pour laquelle il est tellement essentiel de les aider à trouver leur chemin au sein de notre système de soins de santé.

« Je ne peux pas imaginer ce que l’arrivée au Québec serait sans ce genre de soutien », souligne-t-il. « C’est essentiel pour l’intégration immédiate d’une personne. »

Outre un examen médical au CLSC de Côte-des-Neiges, les Ukrainiens ont droit à une évaluation de leur bien-être, y compris une orientation vers des services et des ressources communautaires. Ce service est offert par les travailleur(euses) sociaux(ales) du CIUSSS dans les bureaux du PRAIDA, à Ahuntsic-Cartierville. Des interprètes sont disponibles sur demande dans ces deux endroits.

*Les noms ont été modifiés pour protéger leur identité.