Marco est un homme dans la cinquantaine. Il est arrivé au Canada en provenance des Caraïbes y a environ 20 ans, en compagnie de sa femme et de ses enfants. Quelque temps après son arrivée, Marco est devenu schizophrène. En l’espace d’une décennie, il a perdu son emploi, a divorcé, a été séparé de ses enfants et s’est retrouvé dans la rue, à Montréal.
Mais, le cheminement de Marco ne prend pas fin dans la rue. En effet, il a été l’un des premiers hommes à participer au programme Projet de ré-affiliation en itinérance et santé mentale (PRISM), offert à la Mission Bon Accueil, un refuge au centre-ville de Montréal. En quelques mois, grâce à des traitements et à des soins pertinents il a été en mesure de quitter le refuge et d’emménager dans son propre logis.
Ce récit est l’un de ceux partagés par le Dr Vincent Laliberté, psychiatre à l’HGJ, lors du lancement public de PRISM, en juin. Né d’une collaboration entre la Mission Bon Accueil et le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, PRISM réunit une équipe de professionnels des soins de santé pour fournir des soins dans le refuge aux hommes sans-abri souffrant de maladies mentales chroniques. À la fin du programme, soit entre 8 et 12 semaines, les participants ont les outils et l’appui nécessaires pour être en mesure de réintégrer un logis au loyer abordable.

« Les sans-abri doivent toujours combler leurs besoins immédiats », déclare le Dr Laliberté. « Grâce à PRISM, nous offrons un environnement paisible et donnons à ces hommes l’espace dont ils ont besoin pour réfléchir à la direction de leur vie et se soucier de leur avenir ».
Le refuge comprend huit lits et un salon commun réservé aux membres du programme. Les participants rencontrent régulièrement un coordinateur de la Mission Bon Accueil, un travailleur social ou un psychologue, un psychiatre et une infirmière.
Les organismes communautaires, le Service de police de la ville de Montréal ou les professionnels de la santé et des services sociaux peuvent recommander l’admission d’une personne au programme PRISM. Dans certains cas, les usagers de la Mission Bon Accueil ou des personnes qui ont été hospitalisés ou qui se sont adressés à un département de l’urgence pour obtenir de l’aide peuvent également être recommandés.
« Les visites fréquentes des sans-abri aux départements de l’urgence, parce qu’ils ne savent pas où demander de l’aide, présentent un défi de taille », explique Tung Tran, directeur adjoint, Programmes de santé mentale et dépendance du CIUSSS. « Le programme vise à fournir des soins continus : quand une personne est bien soignée, elle n’a pas besoin de faire appel au département de l’urgence.
À la fin du programme, quand les participants vivent seuls, ils sont suivis, selon leurs besoins, par une équipe de soins de santé externe de leur région, qui s’assure qu’ils sont stables.
« Pour qu’un programme comme PRISM réussisse, ce suivi est essentiel », dit le Dr Laliberté. « Ils ont besoin de l’appui de la communauté ainsi que d’un logement à prix modique ».
« Je crois sincèrement qu’en ce qui a trait à la santé mentale, voire à d’autres services au sein de notre réseau, il est crucial que plus de services soient disponibles à proximité des patients », de M. Tran.
Depuis le lancement du programme à la Mission Bon Accueil, en novembre 2017, approximativement 10 personnes ont emménagé avec succès dans leur propre logis. La mission Bon Accueil est le quatrième établissement à Montréal à offrir le programme PRISM.
« À titre de psychiatre, il est très gratifiant de voir comment un traitement adéquat transforme la vie des personnes », ajoute le Dr Laliberté. Il est agréable de travailler avec eux et toujours inspirant et impressionnant d’être témoin des difficultés qu’ils surmontent ».
Le Dr Laliberté évalue actuellement les avantages entraînés par le programme PRISM pour les participants, plusieurs semaines après la fin du programme et de nouveau un an plus tard.
« Je crois qu’en très peu de temps, nous avons démontré que ce programme peut changer les choses », dit le Dr Laliberté. « Il est possible de soigner cette population et de mettre fin à l’itinérance ».