Cet été, lorsque David Shashoua croisait des passants dans la rue ou ses collègues à son travail, ces derniers étaient souvent intrigués en voyant son poignet : pourquoi portait-il un bracelet de l’HGJ s’il n’était pas hospitalisé?
« J’expliquais que j’étais hospitalisé dans l’Unité virtuelle de l’Hôpital, mais heureux d’être libre », répondait Monsieur Shashoua en souriant.
Monsieur Shashoua était l’un des patients de l’Unité virtuelle, qui s’inscrit dans le cadre du programme avant-gardiste du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal visant à tirer parti de la technologie numérique pour prodiguer des soins hospitaliers à domicile, lorsque c’est pertinent. Le cas de Monsieur Shashoua illustre bien l’incidence considérable de cette innovation sur la vie des patients : il était à son domicile avec sa femme et ses deux enfants, recevait ses amis, promenait son chien et allait même travailler tous les jours, tout en étant surveillé étroitement par les infirmier(ère)s et les autres professionnel(le)s de l’Unité virtuelle (voir l’article à ce sujet).
« C’était fantastique », a déclaré récemment cet homme de 55 ans à son domicile de Côte Saint-Luc.
« Plutôt que d’être à l’Hôpital, j’étais productif et chez moi, tout en ayant un filet de sécurité. Je profitais de la vie ».
David Shashoua
Monsieur Shashoua a été soigné à l’HGJ cette année en raison d’une réaction médicamenteuse grave, connue sous le nom de DRESS (d’éruptions d’origine médicamenteuse s’accompagnant d’une éosinophilie et de symptômes systémiques), qui s’est développée à la suite d’une IRM. En juillet, il a été évalué par l’Équipe de soins virtuels qui a confirmé qu’il répondait aux critères d’admission à l’Unité virtuelle.

C’est ainsi qu’il est retourné à son domicile muni de tous les appareils dont il avait besoin pour surveiller ses signes vitaux. Chaque matin, avant sa première tasse de café, il vérifiait son rythme cardiaque, sa tension artérielle, sa glycémie et sa température, et envoyait ces renseignements à l’Équipe de soins infirmiers; le même processus était répété après le dîner.
Tous les jours, après son petit-déjeuner, Monsieur Shashoua prenait un sac d’épicerie d’IGA qui contenait ses médicaments et les autres fournitures médicales nécessaires et allait au CLSC René-Cassin. La pompe à piles qu’il portait dans un étui en bandoulière était reliée à une intraveineuse dans le bras qui administrait des antibiotiques en raison d’une infection à staphylocoque. L’Équipe du CLSC remplaçait le sac d’antibiotiques tous les jours, et Monsieur Shashoua subissait une analyse sanguine tous les deux jours.
Ensuite, Monsieur Shashoua se rendait en voiture à l’entreprise de vente en gros de textiles qu’il dirige à Saint-Laurent. Pendant sa journée de travail, il réservait environ 10 minutes pour un appel téléphonique quotidien avec les infirmier(ère)s de l’Équipe de soins virtuels.
Lorsqu’il était de retour chez lui après sa journée de travail, un livreur de l’HGJ lui apportait ses médicaments un nouveau sac d’antibiotiques et différentes fournitures pour le lendemain.
Selon Monsieur Shashoua, les soins qu’il a reçus étaient tellement professionnels et attentifs qu’il était tout à fait confiant. Les infirmier(ère)s s’assuraient régulièrement qu’il avait pris ses médicaments, n’éprouvait aucune douleur, avait bien dormi et lui posaient d’autres questions relatives à sa santé.
Lorsqu’une analyse de sang a révélé une infection à staphylocoque, l’Équipe de soins infirmiers l’a contacté en lui demandant de revenir à l’Hôpital. Un taxi, commandé par l’Hôpital, est arrivé rapidement devant sa porte.
« Je n’allais pas passer entre les mailles du filet. Je pouvais simplement décrocher le téléphone et je savais qu’ils interviendraient — parce que techniquement, j’étais encore hospitalisé ».
David Shashoua
Cette année, avant d’être admis au sein de l’Unité virtuelle, Monsieur Shashoua a été hospitalisé à l’HGJ par intermittence pendant une trentaine de jours, et ces longs séjours lui donnaient l’impression de « dégénérer » et de s’affaiblir, dit-il. Après être revenu à son domicile, il se sentait plus fort parce qu’il pouvait reprendre plusieurs activités. De plus, le fardeau était moins lourd pour sa famille puisqu’il se chargeait en grande partie de ses propres soins de santé, explique-t-il.
Sa femme, Susan Levinger, est du même avis. « C’était fatigant pour moi d’aller à l’Hôpital tous les jours et de chercher une place de stationnement. Savoir qu’il est à la maison me donnait une tranquillité d’esprit », explique-t-elle. « Je pouvais apprêter ses repas et avoir l’œil sur lui. Je pense qu’il s’agit d’un programme remarquable ».
Rien de tout cela n’aurait été possible sans les infirmier(ère)s qui étaient disponibles au bout du fil 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. « Ce sont des personnes formidables — polies, patientes, gentilles. Elles vont réellement au-delà des attentes ».
« Je savais que je pouvais toujours téléphoner à quelqu’un. J’étais sous leur responsabilité », souligne Monsieur Shashoua, qui a obtenu son congé de l’Unité virtuelle en septembre. « Tout a été fait à distance ».