La nouvelle salle de classe factice pour acquérir des compétences d’apprentissage réunit les enfants ayant une déficience visuelle
Pour Malik, qui est âgé de cinq ans, l’été a été une période de découvertes emballante. Il a fait de l’artisanat, a appris à lever la main et ce qui est encore plus important, il a rencontré d’autres enfants qui sont comme lui : ils ont eux aussi une déficience visuelle.
Malik était l’un des cinq enfants qui participaient au nouveau programme de salle de classe factice, au Centre de réadaptation Lethbridge-Layton-Mackay de notre CIUSSS, dont les services sont considérés comme étant uniques au Québec. Ces derniers donnent aux enfants et aux jeunes ayant une déficience visuelle la possibilité d’acquérir les compétences d’apprentissage dont ils ont besoin pour faire le saut vers une école ordinaire.
« Malik a dessiné, découpé des formes et acquis des compétences, mais ce qui compte c’est qu’il a passé du temps avec d’autres enfants qui lui ressemblent », explique sa mère, Josianne Tremblay. « Cette expérience lui a fait prendre conscience qu’il n’était pas seul. Il était tellement heureux. »

La salle de classe factice fait partie d’une clinique de basse vision pédiatrique dont l’inauguration est prévue en septembre au site MAB du Centre de réadaptation Lethbridge-Layton-Mackay. Cette initiative comprend une Clinique d’optométrie pédiatrique de pointe et une « chambre noire » spécialisée pour la thérapie visuelle, tandis que la salle de classe factice constitue une innovation importante puisqu’elle prépare les enfants et les jeunes à intégrer les écoles ordinaires, comme la plupart d’entre eux le feront.
« Cet endroit nous permet d’aider les enfants à atteindre tout leur potentiel », dit l’ergothérapeute Cheng Zeng. « Il leur offre la possibilité d’apprendre en quoi consiste l’environnement d’une salle de classe, pour qu’ils puissent se préparer et être moins anxieux à l’école. Ce sera moins intimidant pour eux plus tard. »
Cet été, la spécialiste en Réadaptation en déficience visuelle, Sara Brennan, a travaillé avec Malik et d’autres enfants de niveau prématernelle, dont la déficience visuelle allait de la basse vision à la cécité fonctionnelle. Elle a aidé ces enfants à utiliser des loupes spécialisées, des jumelles et d’autres aides visuelles, et leur a appris comment défendre leurs intérêts lorsqu’ils seront à l’école.
« Cet endroit nous permet d’aider les enfants à atteindre tout leur potentiel. Il leur offre la possibilité d’apprendre en quoi consiste l’environnement d’une salle de classe, pour qu’ils puissent se préparer et être moins anxieux à l’école. »
« Ce programme prépare les enfants à leur avenir », déclare Madame Brennan. « Ils peuvent entrer à l’école en étant plus confiants et munis des outils dont ils auront besoin pendant le reste de leur vie. »
Madame a été frappée par l’évolution des enfants au cours des cinq semaines du programme.
« Au début, ils étaient très réservés et silencieux, nous devions déployer beaucoup d’efforts pour les faire participer. À la fin du programme, les conversations étaient fluides, et les enfants riaient et s’entre-aidaient pendant les activités. C’était vraiment gratifiant de les voir tisser des liens entre eux. Ils ont compris que d’autres enfants qui avaient une déficience visuelle apprenaient les mêmes choses qu’eux. C’est une expérience dont ils se souviendront pendant longtemps. »
Madame Zeng aide actuellement un adolescent qui a perdu partiellement la vue à la suite d’un accident vasculaire cardiaque, et qui souhaite retourner à l’école cet automne; dans la salle de classe factice, il s’efforce d’acquérir les compétences dont il aura besoin, comme choisir la meilleure place où s’asseoir en classe et balayer la pièce du regard en tirant parti de la vision qu’il lui reste. La salle de classe factice dispose même d’un casier dans le couloir pour l’aider à familiariser les jeunes avec cet élément indispensable de la vie à l’école secondaire.
« Ils ont compris que d’autres enfants qui avaient une déficience visuelle apprenaient les mêmes choses qu’eux. C’est une expérience dont ils se souviendront pendant longtemps. »
Les améliorations effectuées au site MAB, qui ont pu être effectuées grâce à l’appui des donateurs de la Fondation Habilitas, mettent en lumière le rôle de chef de file de longue date du Centre pour aider les personnes atteintes de cécité ou de perte de vision. La Clinique de basse vision permet également d’accroître l’expertise et les services ayant trait au diagnostic et au traitement de la déficience visuelle corticale (DVC). Ce trouble cérébral, qui est l’une des causes principales de déficience visuelle, reste sous-diagnostiqué et mal compris, dit Stéphanie Desjardins, chef d’administration de programme, Programme auditif et visuel, Enfance jeunesse, au Centre de réadaptation Lethbridge-Layton-Mackay.
« Nous sommes fiers du travail que nous effectuons relativement à la DVC, parce que nous savons quelle incidence le traitement peut avoir sur la qualité de vie des enfants », explique Madame Desjardins.
Les familles, comme celle de Madame Tremblay, sont reconnaissantes des améliorations apportées au Centre Lethbridge-Layton-Mackay. Elle a deux autres enfants plus âgés qui ont également une perte de vision et, depuis 15 ans, elle vient de son domicile, à Laval, pour recevoir des services du site MAB, à Notre-Dame-de-Grâce. Madame Tremblay a été témoin de l’engagement du centre pour rehausser continuellement les services offerts. « Ils évoluent constamment », dit-elle.
La salle de classe factice est un exemple de cet engagement. À la fin du programme, Malik était impatient d’aller à la maternelle. « Il avait hâte d’y aller », dit sa mère. « C’est quelque chose de positif pour lui, parce qu’il sait maintenant de quoi il s’agit. »