Des femmes du troisième âge, y compris une centenaire, découvrent le plaisir et les bienfaits de jouer du tambour
Jeudi après-midi à Hôpital Mont-Sinaï, le son d’une rythmique de tambours s’élève et se propage dans les couloirs. BOOM-boom-boom-boom, UN-deux-trois-quatre.
À l’intérieur d’une salle d’activités, un groupe inusité de joueuses de tam-tam est réuni en cercle. L’une de ces personnes est âgée de plus de 100 ans. Les autres participantes sont des octogénaires et des nonagénaires. Elles tiennent fermement les baguettes dans leurs mains et battent la mesure sur des djembés d’Afrique de l’Ouest, unis dans les rythmes de la musique pop et rock.
Bienvenue au cercle de tambours à Hôpital Mont-Sinaï, une initiative de la musicothérapeute Pierrette-Anne La Roche. Depuis son lancement cet automne, cette activité réunit sept participantes (toutes des femmes) qui ont tissé des liens et découvert le plaisir de la percussion en groupe.
« Elles ont amélioré leur capacité de jouer en rythme et forment un groupe musical homogène, c’est fantastique de les voir. »
Pierrette-Anne La Roche
Madame La Roche commence les séances hebdomadaires par des exercices d’échauffement, au cours desquelles les participantes fléchissent et remuent leurs doigts et battent des mains. Lorsque la portion musicale commence, d’abord avec des maracas et ensuite avec des tambours, elle compte les rythmes et s’approche de chaque participante pour la soutenir et l’encourager. L’une de femmes, qui est malentendante, suit le rythme grâce aux indices visuels des autres membres du cercle.

Dernièrement, les participantes ont battu les rythmes de La Isla Bonita, de Madonna, et de Sisters Are Doin It for Themselves, d’Eurythmics et d’Aretha Franklin, un rythme particulièrement entraînant. Le répertoire de Madame La Roche s’étend de la musique des 1920 à celle d’aujourd’hui.
Elle explique que le cercle de tambours peut être une source d’autonomisation pour les femmes, et les tambours — traditionnellement considérés comme un instrument masculin — offrent une nouvelle forme d’expression personnelle.
« C’est un moment au cours de leur journée où elles prennent le contrôle d’elles-mêmes, et de la manière dont elles veulent communiquer », ajoute-t-elle. Cette activité connaît un franc succès. « Lorsque je croise ces femmes dans le couloir, elles me demandent souvent ‘est-ce que c’est aujourd’hui que nous jouons du tambour?’ ».
Frances, une résidente à Hôpital Mont-Sinaï dit qu’elle a été étonnée d’être invitée à participer au groupe. Âgée de plus de 100 ans, elle n’a pas voulu préciser son âge, Frances explique qu’elle a dansé lorsqu’elle était plus jeune, mais qu’elle n’a jamais suivi de cours de musique. Elle a été la première étonnée de son plaisir à jouer du tambour.
« Je n’avais jamais fait ça. Et, je ne pensais jamais commencer maintenant », dit-elle à la fin d’une séance de 45 minutes.
« J’ai l’impression de ne pas jouer aussi mal que je le pensais. Lorsque je frappe sur le tambour, je me sens bien. »
Frances, âgée de plus de 100 ans
Le résultat des recherches indique que jouer un instrument de percussion présente de nombreux bienfaits, y compris une meilleure concentration, une coordination accrue et un contrôle émotionnel supérieur. Cette activité relie sans paroles les personnes dans un rituel de groupe, tout en luttant contre les sentiments d’isolement, de dépression et d’anxiété.
Former un cercle de tambours à Hôpital Mont-Sinaï était un rêve de longue date de Madame La Roche, qui a pu le voir devenir réalité grâce à l’achat de tambours, de supports et d’autre matériel par le Comité des usagers de Hôpital Mont-Sinaï.
Madame La Roche est membre de l’Équipe de musicothérapeutes du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal qui appuient les patients et les résidents grâce aux bienfaits thérapeutiques de la chanson et des mélodies. Présentes dans différentes installations de notre CIUSSS, y compris l’Hôpital général juif, les Centres de réadaptation et les Centres de soins de longue durée, ces personnes célèbrent la Semaine mondiale de la musicothérapie du 10 au 15 avril.
« Je suis honorée de pouvoir faire ce travail », a déclaré Madame La Roche. « Ces femmes ont montré que lorsque la musique les touche, il est facile de toucher les autres. La musique crée un pont et permet de tisser des liens. »